A Dieu Vat ( 29)

A Dieu Vat ( 29)

Un nouveau départ




Beau temps, belle mer. En milieu d’après-midi, la digue à peine passée, je hissai la toile.  Le phare des baleines sur tribord, cap fut mis, conformément aux études préparatoires, au nord-ouest sur l’atlantique. Sous grand-voile et génois, le voilier filait, stable et rapide. En véritable louve de mer, deux mains sur la barre à roue, le regard  de Mary balayait inlassablement la voilure et l'horizon, s'assurant que tout était paré et clair. Nous faisions route vers Corck

Ainsi s'écoulèrent les premières heures de la nouvelle vie d’un couple heureux. 

Le soleil déclinant, il était temps de nous préparer à la première nuit de veille. Quel étrange sentiment que de se retrouver hors du temps réglementé par un impératif horaire, qu’il soit jésuite ou régalien. La nuit venue, le plancton fluorescent, qui illuminait la mer à l'étrave et dans le sillage d’ A Dieu Vat, était la seule trace éphémère de notre passage dans ses eaux. Les petites lucioles éteintes, plus rien ne subsistait de notre présence. Au-dessus de nous, la Voie lactée. Des millions d’étoiles à des années-lumière de la tête de mât. Nous faisions route sur cette goutte d'eau bleue ; elle-même en circumnavigation, sempiternellement recommencée, autour de sa naine jaune. Ailleurs, quelque part, d’autres milliards d’humains chagrins, bêtes et méchants. Et moi et elle ; ensemble : émois.


Fin

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